EGG FILMS TOURNE LE DOS AU PROCESSUS DE CONCILIATION; METS LE SYNDICAT EN LOCK-OUT

(Halifax, NS) Le 5 mars 2015 - Le producteur local d’annonces publicitaires, Egg Films, s’est retiré des négociations mettant ainsi le syndicat des techniciens, soit la section locale 849 de l’IATSE, en lock-out.

Localisée à Halifax, Egg Films est le plus important producteur d’annonces publicitaires du Canada atlantique. L’entreprise est la propriété de Mike Hachey et Sara Thomas qui en sont aussi les dirigeants.

La section locale 849 de l’IATSE représente les 290 techniciens et artisans qui forment les équipes de tournage sur les plateaux de film et de télévision en Nouvelle-Écosse. Ce sont ces mêmes techniciens et artisans qu’Egg Films embauche pour leurs tournages de publicités. Les maisons de productions cinématographiques font des contributions au Régime d’assurance-emploi, au Régime d’indemnisation pour les victimes d’accidents du travail, au Régime de pensions du Canada ainsi qu’au régime de retraite et d’assurance collective, ce que Egg Films a toujours refusé de faire.

« Notre proposition initiale à Egg Films, il y a maintenant cinq ans, était une offre bien simple pour une entente selon laquelle ces avantages sociaux seraient ajoutés aux tarifs et conditions que cet employeur nous offrait déjà, » soulignait Gary Vermeir, l’agent syndical de la section locale 849. « Egg Films nous a toujours donné l’impression que cela allait être possible et, soudainement, nous a claqué la porte au nez après deux ans de discussions. »

La section locale 849 a donc déposé une requête en 2011 et a obtenu gain de cause. Egg Films a fait appel de la décision d’accréditation au Conseil des normes de travail de la Nouvelle-Écosse, à la Cour Suprême de la Nouvelle-Écosse, ainsi qu’à la Cour d'appel de la Nouvelle-Écosse, mais l’appel a été rejeté à chacun de ces niveaux.

Tout au long du processus, Egg Films a soutenu que ses activités ne font pas partie de l’industrie cinématographique et que l’entreprise n’a pas à être tenue aux mêmes normes que d’autres employeurs quant au bien-être des équipes de tournages de la section locale 849.

En 2013, les deux parties se sont rencontrées pour négocier une entente collective, mais elles ont rapidement atteint l’impasse sur des questions de tarifs et de juridiction. Malgré toute une série de décisions judiciaires confirmant l’autorité de juridiction de la section locale 849, Egg Films est restée accrochée sur des propositions qui diminuaient de façon importante le rôle du syndicat à représenter les techniciens. La conciliation n’ayant pas réussi à rapprocher les parties, le Conseil des normes de travail a donc imposé un premier contrat de douze mois.

Pendant la durée de ce contrat, Egg Films a embauché des membres IATSE pour plus d’une douzaine de tournages sans aucun incident ni aucune dispute entre les parties.

« Il faut seulement qu’Egg Films revienne à la table des négociations, c’est aussi simple que cela » exprimait Jenny Reeves, une membre de la section locale 849 qui a travaillé sur plusieurs productions d’Egg Films pendant des années. “Egg Films est un employeur important pour nos membres et c’est dans l’intérêt de tous que cette maison de production ait du succès. Cela dit nous sommes des pigistes et il est crucial que tous nos employeurs reconnaissent et respectent l’importance des enjeux de santé et de bien-être de nos membres en assurant que nous avons accès à des protections comme le Régime d’assurance d’accidents du travail ainsi que des prestations de retraites et de santé. D’autres maisons de productions de la région savent depuis maintenant plus de 20 ans que nous devons nous asseoir ensemble et négocier de bonne foi. Je ne comprends pas pourquoi Egg Films pense qu’ils ne sont pas comme les autres. Ils nous ont accueillis avec hostilité à chaque occasion dans ce processus. Nous souhaitons en arriver à une entente qui répond à chacune des parties, mais aucune entente n’est possible s’ils refusent le dialogue. »

En septembre 2014, à l’échéance du contrat d’un an, les deux parties se sont rencontrées pendant deux jours pour commencer à discuter d’une nouvelle entente collective. Encore une fois, le syndicat a présenté des propositions raisonnables et il était prêt à négocier de bonne foi. Et encore une fois, Egg Films a refusé de bouger de ses propositions qui auraient sabré l’entente et casser la juridiction du syndicat. Le syndicat a de nouveau fait une demande de conciliation, mais le conciliateur n’a pas pu faire bouger Egg Films de sa position extrême.

La semaine dernière, Egg Films a demandé que le rapport du conciliateur soit déposé au Conseil des normes de travail et hier a fait savoir au ministre du Travail que l’entreprise avait l’intention de mettre la section locale 849 en lock-out.

Au début du mois de février, lors de la réunion générale du Parti progressiste conservateur de la Nouvelle-Écosse, le propriétaire d’Egg Films, les larmes aux yeux, a condamné « l’injustice » de son inadmissibilité au crédit d'impôt de la Nouvelle-Écosse pour la production cinématographique. « Pourquoi n’avons-nous pas les mêmes incitatifs que d’autres producteurs de films? » demandait-il. Et pourtant, tout au long de la dispute avec la section locale 849, Egg Films a soutenu catégoriquement que l’entreprise ne faisait pas partie de l’industrie du film et, conséquemment, qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que l’entreprise soit tenue d’assurer à ses équipes de tournage les mêmes droits que d’autres maisons de productions.

Ce recours au lock-out de la part d’Egg Films a poussé l’Alliance internationale à déclarer Egg Films comme étant un employeur injuste, empêchant ainsi tous les membres IATSE à travailler pour cet employeur.

En mettant la section locale 849 en lock-out, Egg Films a mis chacun des membres de l’IATSE en Amérique du Nord en lock-out.

Français du Canada